1801 La mise en place...
Par Arrêté des Consuls du 19 avril 1801, la colonie sera régie par 3 magistrats :
1 Capitaine général, 1 Préfet colonial et 1 Commissaire de justice.
Le Contre-Amiral Lacrosse (qui avait proclamé la République en 1793), nommé Capitaine Général, est parti de Lorient sur la Cocarde et la Cornélie avec 400 hommes.
Il débarque à nouveau le 29 mai à Pointe-à-Pitre, accompagné du général Béthencourt, nommé pour commander les troupes en remplacement du général Paris.
Doivent arriver plus tard, nommés par le même décret consulaire, le préfet colonial Lescallier et le commissaire de justice Coster.
Lacrosse est rapidement mal accepté, refuse de recevoir une délégation d’hommes de couleur : il se croit entouré de conspirateurs…
Le 5 juin, il fait arrêter puis déporter de 15 représentants des habitants dont Gauguery, représentant de Marie-Galante.
Le 7, nouvelles arrestations dont 3 militaires…
Le Général Béthencourt, commandant des troupes, essaie de calmer les esprits et demande de libérer les militaires.
Les agents Jeannet et Bresseau rentrent en France le 5 juillet.
Béthencourt décède de la fièvre jaune le 5 août, le Colonel Pelage, selon la hiérarchie, aurait du prendre le commandement.
Lacrosse ne supporte pas qu’un mulâtre prenne le commandement, il met la Basse Terre en état de siège et se proclame Commandant des troupes à sa place ; il fait arrêter des officiers de couleur suspectés de complot et en fait fusiller, 15 d’entre-eux sont envoyés en prison à Marie-Galante, en attendant leur déportation.
Lacrosse fait ensuite les mêmes déclarations sur les hommes de couleur à Pointe-à-Pitre qui débouchent le 20 octobre sur la dénonciation par le lieutenant Augier d’un complot de militaires de couleur, dont Ignace et Gédéon.
Le chef d’état major Souliers décide de les arrêter comme meneurs, sans prévenir son supérieur Pelage : Gédéon est arrété le 21 au petit matin, Ignace, qui a pu être prévenu, ne prend pas la fuite, mais essaie de soulever les casernes…
Souliers tente d’arrêter Pelage qu’il considère comme conspirateur, Pelage s’enfuit, rejoint le fort de la Victoire, où se trouve déjà le capitaine Ignace et des troupes de couleur en rébellion.
Pelage essaie d’empêcher un massacre : "Que faites-vous, ce n’est pas aux Blancs que nous en voulons"...
Pelage convoque 240 notables à la municipalité pour former une commission et fait élire 5 commissaires civils provisoires : Frasans, avoué, Danois et Courtois, négociants, Delort, médecin et Pénicaut, notaire.
Les évènements sont rapportés à Lacrosse à Basse-Terre : il pense que Pelage veut prendre le pouvoir, il le déclare hors-la-loi.
Il fait mettre aux fers sur le brick Les Trois Sœurs les militaires de couleur suspectés de connivence, puis il se dirige vers Pointe-à-Pitre à la tête de 400 hommes et campe à Petit Bourg.
Il se déclare non responsable des évènements, puis essaie d’obtenir une entrevue avec Pelage. Une conférence est prévue le 23 à la Gabarre, chacun devant être accompagné de quelques personnes seulement.
Pelage est nommé par acclamation par ses troupes Général en chef peu avant le rendez-vous, il veut éviter un affrontement, propose un rendez-vous en mer "hors de portée des canons"...
Au final, Lacrosse est convié à Pointe-à-Pitre, en présence d’une députation de 14 notables et de 3 militaires.
Après avoir évoqué une amnistie, il harangue la foule depuis la Municipalité, menaçant tout le monde.
Il échappe à une première arrestation par Coudou.
Le 24 octobre, Lacrosse est arrêté par les insurgés commandés par Ignace et emprisonné au Fort de la Victoire.
Delgrés, son aide de camp, est convaincu de rejoindre la rébellion.
Le 25, la population de Basse-Terre libère les militaires de couleur prisonniers du brick.
Bernie, commissaire du gouvernement envoie à Pelage 4 députés pour prendre le mot d’ordre, Pelage en avait envoyé 4 dont Delgrés : ils se croisent en route…
Le 27, Bernier décide de se rallier au gouvernement provisoire de Pelage. La tranquillité semble sur le point de revenir…
Massoteau remplace le commandant de la place de Basse-Terre, Delgrés commande le fort St Charles. Pelage sait qu’une partie des insurgés dont Gédéon veulent la vie de Lacrosse…
Il décide de transférer Lacrosse de nuit sur un navire de commerce danois le 5 novembre, il sera intercepté par un navire Anglais, fait prisonnier, amené en Martinique (Anglaise), puis refusé par les habitants, il est conduit à la Dominique.
Le 6 novembre, un nouveau gouvernement provisoire est mis en place, dirigé par Magloire Pelage, avec les commissaires civils Corneille, un mulâtre, Frasans, Danois, Bovis fils et Piaud.
Le 7 novembre, Pelage réunit toutes les troupes, blanches ou de couleur au Champ d’Arbaud.
Lacrosse est arrivé à la Dominique le 21, le préfet Lescalier et le commissaire Coster qui viennent d’arriver de France le rejoignent directement.
Le 26, avec l'aide du gouverneur anglais Cochrane Johnston, les 3 magistrats réunis déclarent gouverner la Guadeloupe depuis Roseau…
Le 24 novembre, après avoir reçu l’accord de tous les cantons, officialise le gouvernement formé le 6, sauf Bovis démissionnaire.
Ce gouvernement adresse au Premier Consul et au Ministre de la Marine une lettre officielle confirmant son attachement à la France.
Le 5 décembre, les 3 magistrats déclarent depuis Roseau la Guadeloupe rebelle et veulent interdire tout commerce, sauf avec les Saintes, restées anglaises…
Beaucoup de colons blancs, redoutant l’évolution, émigrent aux Saintes ou à la Dominique.
Le gouvernement provisoire invite Lescalier et Coster à venir prendre leur poste, en leur envoyant 7 députés. Les Anglais ne les laisseront pas descendre…
Dans la nuit du 13 au 14 décembre, Pelage stoppe une révolte de 600 noirs, menés par Massoteau et Ignace qui veulent piller Pointe-à-Pitre. Il charge en personne, à la tête de la cavalerie.
Le gouvernement provisoire élit 3 députés pour aller présenter la situation au Premier Consul et 3 autres pour aller en Dominique : ils partent le 26 décembre sur la frégate L’Espérance : la négociation s’avère impossible du fait de Lacrosse…
Pelage et le gouvernement provisoire répondent par un long manifeste :
"Que tous les citoyens coopèrent à seconder mes vues, et la colonie est sauvée. Vive la République ! Vive le Gouvernement consulaire, auquel nous serons constamment fidèles !"
Le choix de la colonie se résume alors à la soumission à Lacrosse, qu’une minorité de colons soutiennent, ou à la guerre d’indépendance que souhaitent Massoteau et Ignace…
La Basse-Terre, placée sous le contrôle de Delgrés, lui-même influencé par Massoteau, est plus agitée que Pointe-à-Pitre sous le contrôle de Pelage.
Le général Charles Sériziat est nommé le 4 décembre capitaine général en remplacement du défunt Béthencourt et commandant des forces armées aux Antilles.
1802 : La Guerre Civile en Guadeloupe...
Sériziat, parti de Brest le 7 janvier, arrive le 10 février en vue de la Guadeloupe sur la corvette La Diligence.
Il rejoint Lacrosse réfugié à la Dominique et écrit au Ministre le 2 février :
"J'ai l'honneur de vous informer que je suis arrivé ici après une traversée de vingt jours. Au moment de prendre terre à la Guadeloupe, ayant appris que le capitaine général Lacrosse s'était réfugié à la Dominique à la suite de l'insurrection qui a eu lieu le 29 vendémiaire passé, j'ai jugé de mon devoir de le rejoindre et je ne rentrerai qu'avec lui ».
A la suite d'un conseil tenu au Roseau, il est décidé que le général Sériziat irait d'abord prendre possession de la petite île de Marie-Galante, en attendant que le corps expéditionnaire formé en France permît de réduire les "rebelles" de la grande île.
Il repart, fait escale aux Saintes, puis fait route vers Marie-Galante avec les frégates La Pensée, capitaine Valteau avec 45 hommes et La Cocarde Nationale, capitaine Henry avec 130 hommes.
Il envoie en éclaireur la goélette La Biche, qui accoste à Grande-Anse, 2 militaires descendent et rencontrent le fermier Briel de l’habitation Grand’Anse, qui leur confirme la sécurité de l’endroit. Ils lui remettent un courrier pour Lignières, le commissaire délégué, et une proclamation pour les habitants.
Sériziat arrive avec les 2 frégates, descend à terre le 13 février avec sa suite et 200 hommes de troupe et se dirige sur Réunion (Grand Bourg).
Il prend le contrôle l’île et fait d’abord prisonnier à bord de la Pensée, une compagnie de 15 Noirs de la garnison de Marie-Galante, commandés par le mulâtre La Poterie. Le reste de la garnison demeure à son poste.
En Guadeloupe, le 15 février, Delgrés et Massoteau pensent que la prise de Marie Galante a été organisée par Lacrosse.
Ils arrêtent une douzaine d’officiers blancs qui avaient manifesté leur contentement à l’arrivée de Sériziat à Marie-Galante…
Ils lancent un enrôlement de volontaires.
Pelage, mis au courant de l'arrivée de Richepance par Sériziat, ne sait plus comment ramener le calme, il décide d’appeler Massoteau à Pointe-à-Pitre, pour limiter son influence…
Le gouvernement provisoire prévoit d’envoyer 3 députés à Richepance dés son arrivée.
En France, le 25 mars, Paix d’Amiens avec restitution par les Anglais de la Martinique.
Le 1er avril, l'escadre du général Richepance, commandée par le Contre-amiral Bouvet part de Brest le 1er avril avec 4 frégates, 3 vaisseaux de ligne et 3 transports de troupe et 2.900 hommes, avec pour mission de pacifier la Guadeloupe...
Le 26 avril, un Senatus-Consulte accorde l’amnistie aux propriétaires de la Guadeloupe "qui étaient réfugiés à la Martinique ou autres lieux" : ils ont jusqu’au 7 août pour prêter serment devant le Préfet Colonial…
Sériziat séjourne toujours avec 200 hommes à Marie-Galante, sa frégate la Pensée est mouillée devant Réunion.
Il établit le contact avec Pelage par l’entremise de l’officier de marine Dugournay, puis par 2 habitants de Marie-Galante, Girard et Merlande.
Le 3 mai, on lui annonce l’arrivée de Richepance.
L’escadre du général Richepance arrive effectivement en vue de Roseau à la Dominique.
Il envoie à Lacrosse la frégate La Romaine qui revient avec à son bord le préfet Lescalier et le commissaire Coster.
Ces derniers lui donnent la version de Lacrosse sur le gouvernement provisoire, l’arrestation de Pelage est décidée.
Dans le même temps, et en attendant l’évolution de la situation, Lacrosse quitte la Dominique et vient s’ancrer à St Louis de Marie-Galante sur l’aviso L’Enfant Prodigue, où il restera tout le temps des combats…
Le 5 mai, Sériziat rejoint l'escadre de Richepance avec sa frégate La Pensée.
Pelage envoie à Richepance, en plus de la députation, son aide de camp Prudhomme avec un courrier d’accueil : "Vous nous apportez la paix générale"...
Ils n’auront contact avec Richepance que le 6 mai à midi, où ils reçoivent un accueil froid sur le navire amiral. Les députés certifient leur fidélité et se proposent en otages…
Richepanse arrive le 6 à Pointe-à-Pitre. Tous les navires sauf les 2 vaisseaux entrent dans le port sans la moindre hostilité, à leur débarquement, ils sont accueillis par des "Vive la République, vive Bonaparte"…
Pelage les attend place de la Victoire avec une garde d’honneur commandée par Ignace.
Quand Richepance débarque en personne, un mouvement de foule lui fait peur et il fait demi-tour vers sa frégate.
Il finit par débarquer après toutes ses troupes.
Pelage lui réaffirme sa soumission et lui demande de regrouper toutes les troupes sur la plaine Stiwenson pour une revue.
Ignace et ses troupes refusent d’en faire partie.
Richepanse passe en revue les troupes de couleur restantes, les invite à se joindre à eux et à embarquer pour aller à Basse-Terre. Les hommes montent à bord, ils sont désarmés et jetés à fond de cale…
150 militaires de couleur ont pris la fuite par Petit Canal à la faveur de la nuit, avec à leur tête le commandant Joseph Ignace et les officiers Massoteau, Palerme, Coudou. Tous pensent que Pelage les a trahis…
Le 7, Richepance envoie à Basse-Terre 800 hommes par voie terrestre, commandés par le chef de bataillon Merlen, et il embarque 1800 hommes avec lui sur 2 frégates. Il laisse Sériziat à Pointe à Pitre avec le reste des troupes.
De son côté, Ignace descend la côte sous le vent de Deshaies à Basse-Terre, accompagné d’une foule grandissante de noirs et il arrive à Basse-Terre le 8, où ils mettent la ville en émoi.
Le 9, Delgrés rassemble les troupes sur le Champ d’Arbaud et propose aux rares militaires blancs de rentrer chez eux désarmés, pour ne pas se battre contre leurs frères…
Le 10, Richepance arrive devant Basse-Terre et débarque ses troupes à la Pointe de Capucins.
Louis Delgrés fait afficher sa proclamation : « A l'univers entier, le dernier cri de l'innocence et du désespoir »…« C'est dans les plus beaux jours d'un siècle à jamais célèbre par le triomphe des Lumières et de la philosophie, qu'une classe d'infortunés qu'on veut anéantir se voit obligée d'élever sa voix vers la postérité, pour lui faire connaître, lorsqu'elle aura disparu, son innocence et ses malheurs »…
Richepance envoie des parlementaires à Delgrés avec une lettre de Pelage demandant leur reddition, les parlementaires sont faits prisonniers, Richepance fait débarquer ses troupes à Baillif, ils repoussent les insurgés jusqu’à l’entrée de Basse-Terre : les nouvelles recrues noires n’arrivent pas à résister à une armée faite d’anciens soldats du Rhin…
Le 11, Richepance est maître de la moitié de la villle. Delgrés se réfugie avec ses hommes dans le fort St Charles.
Dans le même temps, Palerme et ses hommes repoussent les troupes terrestres de Merlen à Dolé.
Le 12, Sériziat, arrivé en renfort avec 1.200 hommes en passant par Trois Rivières, fait la jonction avec les troupes de Merlen au Palmiste. Ils repoussent les insurgés et les poursuivent jusqu’au Morne Houel. Mais les rebelles reprennent les positions dés qu’elles sont libérées…
Le 13, Delgrés répond à une proclamation de Richepance qui demande leur reddition : "Je vais vous parler par l’organe d’un vrai Républicain, qui préfère mille fois la mort à l’esclavage"..."Vive Bonaparte ! Vivre libre ou mourir !"...
Le 14 mai, les troupes de Richepance sont rejointes par celles du Général Sériziat par la terre, ils font ensemble le siège du fort St Charles. On installe les mortiers et les canons.
Le 21 mai, après un bombardement incessant, Delgrès et Ignace décident d’abandonner le fort avec 400 hommes valides, en laissant 150 prisonniers et l’ordre de faire sauter le magasin à poudre. L’adjudant Monnereau n’exécutera pas les ordres, mais sera quand même fusillé le 11 juin, comme co-signataire de la proclamation du 10 mai…
2 groupes se séparent : Delgrés et ses hommes se replient sur Matouba, Ignace et ses hommes se déplacent vers Pointe-à-Pitre.
Les troupes insurgées d’Ignace, attaquent et pillent les habitations à Dolé, Trois Rivières puis Capesterre Belle-eau, ils s’approchent de Pointe-à-Pitre et détruisent l’aqueduc qui l’approvisionne en eau douce, puis ravagent les Abymes et Gosier…
Gobert les poursuit avec 700 hommes.
Le 25, Ignace avec plus de 1.000 hommes se retranchent dans la redoute de Bambridge, et hissent le drapeau rouge.
Pelage attaque en premier, puis rejoint par Gobert lance l’assaut le 26 : 675 tués, 250 prisonniers dont 100 seront fusillés le 26 mai sur la place de la Victoire, les 150 autres sur le rivage à la Fouillole…
Ignace s’est tiré une balle dans la tête, un de ses fils a été tué, l’autre fait prisonnier sera fusillé.
La mulâtresse Solitude, faite prisonnière enceinte, sera pendue le 19 septembre, le lendemain de son accouchement…
Parallèlement, Delgrès et ses hommes se sont réfugié sur le morne Matouba dans l’habitation d’Anglemont.
Le 28 mai, les 1.800 hommes de Richepanse lancent l’assaut sur 2 colonnes menées par Delacroix et Cambiels par les 2 voies d’accès possibles.
Respectant leur devise "Vivre libre ou mourir" , Delgrès et ses 300 hommes se font sauter avec la poudrière...
Le 2 juin, un arrêté de Richepance condamne les insurgés pris les armes à la main aux galères à perpétuité, leurs chefs ou les responsables d’incendie ou d’assassinat à la pendaison.
Le 5 juin, un arrêté ordonne le désarmement de la population.
Le 8 juin, Sériziat meurt de la fièvre jaune.
Le 7 juillet, les membres de l’ancien gouvernement provisoire, dont Pelage, sont embarqués sur la frégate Le Fougueux, puis emprisonnés à leur arrivée à Brest avant transfert sur Paris. La Cour spéciale criminelle les graciera après 16 mois de détention…
Cette courte guerre civile aura privé la Guadeloupe de 12.000 habitants, 2.000 blancs émigrèrent, 10.000 noirs furent tués, fusillés ou déportés…
Le 2 juillet, un arrêté du Consulat précise la « défense faite aux Noirs, Mulâtres et autres gens de couleur d’entrer sans autorisation sur le territoire continental de la République »
Le 14 juillet, Richepance annonce le retour de Lacrosse.
Le 17 juillet, il rétablit l’esclavage selon la loi du 20 mai, par son arrêté :
"Jusqu'à ce qu'il soit autrement ordonné, le titre de citoyen français ne sera porté dans l'étendue de cette colonie et dépendances que par les blancs. Aucun autre individu ne pourra prendre ce titre ni exercer les fonctions qui y sont attachées."
Le 29 juillet, Richepance supprime toutes les listes d’émigrés qui sont invités à revenir.
Le 4 août, Lacrosse revient comme Capitaine Général mais reste sous l’autorité de Richepanse. Daniel Lescallier est toujours préfet colonial.
Le 7 aôut, est fournie la "Liste nominative des personnes propriétaires de la Guadeloupe réfugiées à la Martinique et autres lieux qui ont prêté serment devant le préfet pour profiter de l'amnistie accordée pour fait d'émigration par le Senatus-Consulte du 6 floréal an X "
Le 9 août, Richepance décide de vendre aux enchères les 5 habitations qui avaient été confisquées au clergé, pour renflouer les caisses de la colonie : Bisdary, Dolé, l’Hôpital, Grand et Petit Marigot.
Le 19, le préfet Lescallier rappelle que cela ne peut être fait sans avis de la métropole…
Richepance atteint de la fièvre jaune, part se reposer au Matouba.
Le 2 septembre, un arrêté du Consulat concerne les "Fermes des habitations, maisons et magasins à St Domingue et à la Guadeloupe" : les biens séquestrés doivent être rendus à leurs propriétaires, les baux publics ou privés les concernant sont résiliés.
Les propriétaires Blancs exilés reviennent, tout recommence comme avant, certains se retrouvent du jour au lendemain à nouveau esclaves dans la même habitation…
Le 3 septembre, Richepanse meurt de la fièvre jaune, à 32 ans, son médecin le suit le même jour…
Le commissaire Coster et le général Sériziat ont déjà été emportés par le « mal du Siam »…
Cette 1ère épidémie de fièvre jaune sur la Guadeloupe aura fait 1.889 morts sur un effectif de 3.126 soldats, soit près de 60% de mortalité…
A la mort de Richepance, Lacrosse déclare vouloir prendre le poste de capitaine-général. Govert, comme commandant en chef et Lescallier, comme préfet, le lui disputent… Ils finissent par laisser la place à Lacrosse.
Le 4 septembre, Gobert lance la chasse aux insurgés : il crée des troupes de Chasseurs de bois, commandée par Lemercier de Vermont, pour essayer d’arrêter et d’expulser de la colonie les Noirs ou mulâtres qui avaient pris le parti de la Révolution… Les blancs désignés ne peuvent refuser sous peine de lourdes sanctions.
Le 9 septembre, Lescallier prend un "Arrêté concernant l’état des personnes de couleur" qui impose à tous les anciens libres de se justifier en apportant leur patente d’affranchissement si elle est antérieure à 1789. Entre 1789 et 1794, il leur faut repayer 1.200 francs…
Les Noirs ont 3 mois pour fournir leurs titres de liberté, ainsi sur 14.912 libres, 8.207 se retrouvent esclaves…
Reste 6.707 libres, soit plus du double qu’en 1789.
Le 20 septembre, Lacrosse active le désarmement et la répression, demandant l’arrestation de tous les noirs ou mulâtres qui étaient dans les forces armées avant l’arrivée de Richepance.
Il écrit le 29 octobre dans un arrêté :
"Vous penserez donc comme moi, citoyen, que le supplice de la potence n'expiant pas assez le crime de ceux des assassins que la loi condamne à la peine de mort, ils doivent être rompus vif et expirer sur la roue... Les geôles de Pointe-à-Pitre et du Moule sont déjà encombrées: il faut les déblayer le plus tôt possible. "
Il remplace la Commission militaire de Richepance par 2 tribunaux spéciaux, 1 à Basse-Terre, 1 à Pointe-à-Pitre.
Le 5 novembre, Lacrosse installe le nouveau système judiciaire en Guadeloupe : 3 tribunaux de Première Instance, Basse-Terre, Pointe-à-Pitre et Marie-Galante, avec 1 juge, 1 commissaire du gouvernement et des substituts ; 1 Tribunal d’Appel à Basse-Terre.
Le 3 décembre, les préfets apostoliques sont rétablis, avec 5.000 livres de revenus annuels, les curés des paroisses disposant maintenant de la charité des fidèles.
Entre temps, Bonaparte, Premier Consul, avait fait promulguer le 30 Floréal an X, soit le 20 mai 1802, la "Loi relative à la traite des Noirs et au régime des Colonies" rétablissant l’esclavage et la traite "conformément aux lois et règlements existants avant ladite époque de 1789"
Mais ce décret ne concerne pas la Guadeloupe et dépendances, îles qui, comme St Domingue, n'ont pas été restituées par le traité d'Amiens...
Bonaparte devra prendre un Arrêté spécifique le 16 juillet pour rendre la loi applicable à la Guadeloupe, dont la version manuscrite n'a été retrouvée qu'en 2007 :
Bonaparte devra prendre un Arrêté spécifique le 16 juillet pour rendre la loi applicable à la Guadeloupe, dont la version manuscrite n'a été retrouvée qu'en 2007 :
" Paris, le 27 Messidor, an X de la République une et indivisible.
Les Consuls de la République, sur le rapport du ministre de la marine et des colonies ;
Vu la loi du 30 Floréal dernier, arrêtent ce qui suit :
Art. Ier – La colonie de la Guadeloupe et dépendance sera régie à l’instar de la Martinique, de Sainte-Lucie, de Tabago et des colonies orientales, par les mêmes lois qui y étaient en vigueur en 1789.
Art. II – Le ministre de la marine et des colonies est chargé de l’exécution du présent arrêté.
Le premier Consul, signé Bonaparte "
Les Consuls de la République, sur le rapport du ministre de la marine et des colonies ;
Vu la loi du 30 Floréal dernier, arrêtent ce qui suit :
Art. Ier – La colonie de la Guadeloupe et dépendance sera régie à l’instar de la Martinique, de Sainte-Lucie, de Tabago et des colonies orientales, par les mêmes lois qui y étaient en vigueur en 1789.
Art. II – Le ministre de la marine et des colonies est chargé de l’exécution du présent arrêté.
Le premier Consul, signé Bonaparte "